Tendres dédales

La galerie Ketabi Bourdet est heureuse de présenter Tendres dédales, la troisième exposition personnelle d'Idir Davaine à la galerie.

Cette nouvelle série de peintures trouve son origine dans une résidence que l’artiste a effectuée à l’automne 2024 à la Chapelle Saint-Antoine, sur l’île de Naxos en Grèce. Là-bas, Idir Davaine a arpenté les reliefs tourmentés de l’île, hors des chemins, en quête d’impressions, de détails et de présences. Il a photographié les paysages fragmentés de Naxos – une nature accidentée, parfois endormie, traversée d’ossements, de ruines, de terrasses effondrées et de troncs déformés. Ce sont ces vestiges organiques et architecturaux, ces signes ténus d’un monde ancien, qu’il a réactivés par la peinture.

Car chez l’artiste, l’image ne précède jamais tout à fait la peinture – elle en est le tremplin. C’est dans le geste que s’invente la forme, dans l’acte même de peindre que les éléments se disposent, s’ajustent ou se dérobent. Peintre du rythme et du mouvement, Davaine compose ses toiles comme d’autres improviseraient une mélodie : chaque courbe, chaque tache, chaque masse est un battement, une modulation, une réponse à ce qui précède. Il ne s’agit pas de représentation mais d’activation, de convocation de sensations. Ses toiles sont traversées de flux, de rotations, de spirales, comme si l’artiste tentait de cartographier les pulsations internes d’un paysage rêvé.

Le motif du labyrinthe — omniprésent dans cette série — agit autant comme une référence directe aux architectures énigmatiques croisées sur Naxos que comme une métaphore du processus même de création. Ces formes emboîtées, qui semblent chercher leur issue sans jamais s’y perdre, reflètent la manière dont Davaine pense et construit ses œuvres : à tâtons, à rebours, par ellipses. Les compositions, souvent instables, trouvent un équilibre précaire dans le désordre apparent, et c’est précisément de cette tension que naît leur force.

Peintre de la lumière autant que de la forme, Davaine est avant tout un grand coloriste. Il travaille par strates, superpositions, reprises, posant les teintes comme on respire — par couches lentes ou vives, parfois douces, parfois heurtées. Dans cette exposition, les huiles sur papier, à la matière dense, presque charnelle, contrastent avec les acryliques, plus effacées, diaphanes, comme baignées de poussière ou de brume. On y sent le passage du temps, l’altération, l’effacement. Les couleurs, jamais gratuites, servent à capter un état, une lumière, un souffle. Elles sont elles-mêmes un espace à habiter.

On retrouve ici cette oscillation caractéristique de son travail entre figuration et abstraction, entre souvenir et invention. Des paysages apparaissent, se disloquent, se recomposent. L’ombre d’un arbre, la ligne d’un rocher, la trace d’un bassin deviennent des éléments de narration ouverte, de partitions muettes. Le spectateur est invité à se perdre dans ces territoires, à y projeter ses propres signes.

Avec Tendres dédales, Idir Davaine continue de bâtir une œuvre profondément intuitive, organique, nourrie de références croisées – de la peinture japonaise à l’expressionnisme abstrait, de l’estampe aux carnets d’observation. Il peint comme on explore : en se laissant guider par ce qui résiste, ce qui affleure, ce qui veut bien se laisser voir. Ses œuvres nous parlent du temps, de la mémoire et des apparitions, de tout ce qui, dans le visible, ne tient qu’à un fil.

Né en 1990, Idir Davaine vit et travaille à Paris. Diplômé de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg puis de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Tendres dédales est sa troisième exposition à la galerie Ketabi Bourdet. Il a également exposé récemment à New York et à Singapour. Un ensemble de ses œuvres sur papier a rejoint les collections du Centre National des Arts Plastiques. Son troisième livre, Pépite, sera publié aux éditions Okdes Paris cette année.

Galerie Ketabi Bourdet is delighted to present Tendres dédales, Idir Davaine's third solo show at the gallery.

This new series of paintings finds its origins in a residency that the artist carried out in autumn 2024 at Chapelle Saint-Antoine, on the Greek island of Naxos. There, Idir Davaine surveyed the island's rugged terrain, off the beaten track, in search of impressions, details and presences. He photographed the fragmented landscapes of Naxos - a rugged, sometimes sleepy nature, criss-crossed by bones, ruins, collapsed terraces and deformed trunks. It is these organic and architectural vestiges, these tenuous signs of an ancient world, that he has reactivated through painting.

For the artist, the image never completely precedes the painting - it's the springboard. It is in the gesture that form is invented, in the very act of painting that the elements are arranged, adjusted or evaded. A painter of rhythm and movement, Davaine composes his canvases as others would improvise a melody: each curve, each spot, each mass is a beat, a modulation, a response to what has gone before. It's not a question of representation, but of activation, of summoning sensations. His canvases are traversed by flows, rotations and spirals, as if the artist were attempting to map the internal pulsations of a dream landscape.

The labyrinth motif - omnipresent in this series - acts both as a direct reference to the enigmatic architectures encountered on Naxos and as a metaphor for the creative process itself. These interlocking forms, which seem to seek a way out without ever getting lost in it, reflect the way Davaine thinks and constructs his works: through trial and error, backwards and forwards, in ellipses. The compositions, often unstable, find a precarious balance in the apparent disorder, and it is precisely from this tension that their strength is born.

A painter of light as much as of form, Davaine is above all a great colorist. He works in strata, superimpositions and repeats, laying down hues as one breathes - in slow or vivid layers, sometimes soft, sometimes clashing. In this exhibition, the oils on paper, with their dense, almost carnal material, contrast with the acrylics, more effaced, diaphanous, as if bathed in dust or mist. We sense the passage of time, alteration and erasure. The colors, never gratuitous, serve to capture a state, a light, a breath. They are themselves a space to inhabit.

Here we find the oscillation characteristic of his work between figuration and abstraction, memory and invention. Landscapes appear, dislocate, recompose. The shadow of a tree, the line of a rock, the trace of a pond become elements of open narrative, silent scores. The spectator is invited to lose himself in these territories, to project his own signs.

With Tendres dédales, Idir Davaine continues to build a deeply intuitive, organic body of work, nourished by cross-references - from Japanese painting to abstract expressionism, from prints to observation notebooks. He paints as one explores: letting himself be guided by what resists, what surfaces, what is willing to let itself be seen. His works speak to us of time, memory and apparitions, of everything in the visible that hangs by a thread.

Born in 1990, Idir Davaine lives and works in Paris. A graduate of the École Supérieure des Arts Décoratifs in Strasbourg and the École Nationale Supérieure des Beaux-Arts in Paris, Tendres dédales is his third exhibition at Galerie Ketabi Bourdet. He has also recently exhibited in New York and Singapore. A number of his works on paper have joined the collections of the Centre National des Arts Plastiques. His third book, Pépite, will be published by Okdes Paris this year.

Pour toute information complémentaire : info@ketabibourdet.com