Design de collection : les galeries françaises échappent aux tensions commerciales

Les galeries françaises dominent le secteur de ces pièces uniques ou en série très limitée, qui échappent aux droits de douane et atteignent des records aux enchères.
Martine Robert, Les Echos, 23 June 2025

Le secteur veut quand même y croire. Et dépit de la guerre commerciale avec Donald Trump, les acteurs de la décoration et du design - interrogés chaque anée dans le cadre du baromètre Salon Maison & Objet, publié cette semaine - affichent leur optimisme, en particulier pour le haut de gamme.

 

« A l'échelle mondiale, les marchés de l'immobilier de luxe et de l'hôtellerie repartent à la hausse. Les clients fortunés investissent dans des résidences secondaires et tertiares », estime Nina Magon, PDG du studio de design éponyme. Cette dernière pointe aussi les concepts hôteliers de niche. « La demande est forte à Miami, Dubaï, Londres et en Aribie sauodite », poursuit-elle.

 

Pour autant, « les tensions politiques et commerciales devraient avoir un impact significatif », recconaît-elle, entraînant une hausse des coûts pour des matériaux, comme la marbe intalien, le chêne européen ou les textiles artisanaux, et des perturbations d'approvisionnement, alors que nombre de meubles de luxe et pièces sur mesure dépendant de composants du monde entier.

 

« Certains designers et fabricants explorent des alternatives, des matériaux et fournisseurs locaux », ce qui « ne compense pas toujours les coûts supplémentaires ni n'égale la qualité et l'unicité des produits importés », poursuit-elle.

 

UNE NICHE ÉPARGNÉE

 

Le secteur veut quand même y croire. Et dépit de la guerre commerciale avec Donald Trump, les acteurs de la décoration et du design - interrogés chaque anée dans le cadre du baromètre Salon Maison & Objet, publié cette semaine - affichent leur optimisme, en particulier pour le haut de gamme.

 

 

 

« A l'échelle mondiale, les marchés de l'immobilier de luxe et de l'hôtellerie repartent à la hausse. Les clients fortunés investissent dans des résidences secondaires et tertiaires », estime Nina Magon, PDG du studio de design éponyme. Cette dernière pointe aussi les concepts hôteliers de niche. « La demande est forte à Miami, Dubaï, Londres et en Arabie saoudite », poursuit-elle.

 

 

 

Pour autant, « les tensions politiques et commerciales devraient avoir un impact significatif », reconnaît-elle, entraînant une hausse des coûts pour des matériaux, comme la marbre italien, le chêne européen ou les textiles artisanaux, et des perturbations d'approvisionnement, alors que nombre de meubles de luxe et pièces sur mesure dépendant de composants du monde entier.

 

 

 

« Certains designers et fabricants explorent des alternatives, des matériaux et fournisseurs locaux », ce qui « ne compense pas toujours les coûts supplémentaires ni n'égale la qualité et l'unicité des produits importés », poursuit-elle.

 

 

 

UNE NICHE ÉPARGNÉE

 

 

 

Une niche, toutefois, reste non touchée : les pièces de design uniques ou réalisées en quelques exemplaires, considérées comme des œuvres d'art. Et l'art, justement, échappe aux foudres commerciales de Donald Trump.

 

Un créneau sur lequel les galeristes tricolores sont leaders mondiaux, en particulier pour le design du XXe siècle. Des enseignes comme Jousse, Laffanour, Kreo, ont joué un rôle essentiel dans l’évolution du goût des collectionneurs privés et des musées internationaux depuis plusieurs décennies, comme ils l'ont prouvé encore la semaine dernière à Maze Design, une foire off d'Art Basel.

 

La galerie Kreo, expert en luminaires français et italiens du XXe siècle, produit également des pièces en séries limitées, crées par des designers contemporains, de Virgil Abloh à Ronan & Erwan Bouroullec, exposés au MoMA, au Centre Pompidou, au V & A de Londres.

 

« Beaucoup travaillent parallèlement pour des « éditeurs de meubles, des marques comme Apple ou Samsung, en plus grande série. Mais avec nous, c'est expérimental, sans cahier achats à Paris, qui concentre les grands professionnels de mobilier et d'arts décoratifs », observe Clémance Krzentowski, cofondatrice de la galerie.

 

PARIS GRENIER DU MEUBLE

 

« Même l’Italie n'a pas de galeries aussi pointues », confirme François Laffanour, de la galerie éponyme, plus inquiet du contexte géopolitique que de l'évolution des droits de douane sur sa clientèle à 90 % américaine. Pour l'heure, « les ventes aux enchères de design aussi résistent bien, avec des pièces de Charlotte Perriand cédées à 500.000 euros, de Prouvé adjugées entre 400.000 euros et un million d'euros, sans parler des succès de Royère, de Jeanneret », poursuit-il.

 

Le 20 mai dernier, Sotheby's Paris soulignait que sa vente « Important Design » marquait un tournant historique, totalisant 27,1 millions d'euros, plus du double de son estimations haute. Le Bar aux Autruches de François-Xavier Lalanee était adjugé 11,1 millions d'euros après un bataille de onze minutes. Une table de salle à manger de Maria Pergay, pour 286.000. Chez Christie's Paris, la vente design de mai écoulait 90 % des lots pour un total équivalent à 146 % de leur estimation basse.

 

PRIX EN HAUSSE

 

« Les prix ont beaucoup augmenté et nous avons des difficultés à trouver certaines pièces », note Philippe Jousse, qui exposait à Maze design une bibliothèque Charlotte Perriand et un canapé Martin Szegely à un prix somme tout « raisonnable » de 280.000 euros. Les collectionneurs apprécient ces créations suffisamment épurées pour bien se marier avec leurs oeuvres d'art.

 

Et la relève des galeristes parisiens spécialisés s'active déjà. « En design de collection, nous devons être présents sur les plus grandes foires, de la Tefaf New York à Design Miami. C'est pourquoi nous sommes à l'initiative de Maze Design », qui permet de profiter de la présence de plus importants collectionneurs et conservateurs venus pour Art Basel, explique Charlotte Ketabi, cofondatrice de la galerie  Ketabi Bourdet, qui a exposé Philippe Starck, Elisabeth Garouste ou le céramiste A.R. Penck.

 

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