Dans l'atelier de Inès Longevial

Madame Figaro, 23 September 2023
ALLÈGRE ET LIANTE, la peinture-star d'Instagram reçoit dans son rez-de-chaussée sur cour au coeur du Marais, à Paris, plein de toiles fauves ou froides, toutes achevées. Promises cet automne aux galeries Ketabi Bourdet, à Paris, puis Almine Rech, à Londres, elles occupent pour l'heure les murs aveugles de son antre. Au coin d'une table rustique, l'Agenaise feuillette sa première monographie (Éd.Rizzoli). État des lieux entre deux cafés.
 
Comment définiriez-vous cet espace ?
Comme l'extension de mon appartement. Je vis dans le Xe et mes précédents ateliers se trouvaient à Pantin ou à Montreuil. J'y allais comme on va au bureau. Ici, il y a une salle de bains, une cuisine, un canapé. Je peux enfin tout faire : dessiner, peindre, recevoir des amis...
 
Est-il toujours aussi rangé ? 
J'ai besoin de calme, de neutralité. Tout est très blanc, ce qui m'évite d'être influencée par les couleurs qui m'entourent. 
 
Quels sont vos objets fétiches ? 
Mes livres : Albert Camus, Annie Ernaux... Les contes d'Italo Calvino ont inspiré mes deux prochaines expos pour lesquelles j'ai travaillé autour de l'idée de mouvement. Il y a aussi les portraits de fantômes dans ma cuisine : Jane Birkin, Agnès Varda... J'en ajoute au fur et à mesure, et je m'amuse à créer des couples improbables, comme Kurt Cobain et Simone de Beauvoir. 
 
Une manie ? 
Peindre est un acte très solitaire. Si je n'ai pas de fond sonore, je deviens folle. Musique, film, livre audio..., tout dépend du moment, de l'humeur. J'ai écouté une série sur Albert Einstein sans même regarder l'écran. J'ai surtout enchaîné les podcasts de Remède à la mélancolie, l'ancienne émission d'Eva Bester sur France Inter. 
 
"Récemment, j'ai beaucoup lu Colette. Elle emploie des qualificatifs très poétiques pour désigner les couleurs. Je m'en suis inspirée pour mes titres : Orage orange, Jaune beurre, Vert myrthe..."
 
L'exposition Perchée, chez Ketabi Bourdet, à Paris cet automne, dévoilera les cadavres exquis de ses vacances, réalisés à l'encre sur des serviettes de café. Chaque pli cache un motif réel ou rêvé. 
 
Pâle ou solaire, sa palette évolue au gré des saisons. "En matière de couleurs, j'ai des phases. Alors, pour éviter de trop utiliser un même ton, je retire le tube de peinture."
 
Elle accumule les boîtes de pastels qu'elle dilue sur papier. "Je ne fais aucune distinction entre dessins préparatoires et oeuvres finales. D'ailleurs, ce que je préfère chez les artistes relève souvent de l'esquisse."
 
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