Clément Davout

Clément Davout paints plant shadows. In a short text presenting his work, he writes that he paints "with a figurative tendency". The expression is remarkable, placing the work in an in-between, a gray zone. The shadow is not the motif itself, but its projection. The shadows painted by Clément Davout are diffuse, evanescent and mobile, so they are less a matter of drawing than of "matter that aspires to form", as Hubert Damisch puts it in relation to clouds. The artist, who has eliminated black from his palette, associates these shadows with a background painted in the same shades of color, whose variations restore a diaphanous luminosity. One might think that Clément Davout paints paint. What's more important is the tension this approach produces with the image. Working with photographs, these projected shadows become colored vibrations of pictorial matter, then inscribed as a fragment in a surface whose color corresponds, in painting, to a color chart obtained by placing the work on Instagram. In these to-and-fro movements, the aim is to bring back into painting what might otherwise be no more than an image, given the distribution regime that defines it today. We understand to what extent this practice is inscribed in today's world as a form of discreet resistance. In a world where transparency is the order of the day, where everyone is a player on social networks, and where a univocal relationship with things prevails, the choice of the shadow cannot help but appeal. It's the choice of the troubled and the uncertain, the repressed and the elusive.

- - -

Clément Davout (né en 1993 en France) est diplômé de l'École supérieure d'arts et médias de Caen/Cherbourg en 2017. Peintre et musicien, il est constamment à la recherche de la qualité lumineuse des couleurs et des sons. Son travail a été exposé récemment dans diverses institutions et galeries en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg et en France.

Clément Davout peint des ombres végétales. Dans un court texte de présentation de son travail, il écrit qu'il peint "avec une tendance figurative". L'expression est remarquable, plaçant l'œuvre dans un entre-deux, une zone grise. L'ombre n'est pas le motif lui-même, mais sa projection. Les ombres peintes par Clément Davout sont diffuses, évanescentes et mobiles, elles relèvent donc moins du dessin que de la "matière qui aspire à la forme", comme le dit Hubert Damisch à propos des nuages. L'artiste, qui a éliminé le noir de sa palette, associe ces ombres à un fond peint dans les mêmes nuances de couleurs, dont les variations restituent une luminosité diaphane. On pourrait croire que Clément Davout peint de la peinture. Ce qui est plus important, c'est la tension que cette démarche produit avec l'image. Travaillant à partir de photographies, ces ombres projetées deviennent des vibrations colorées de la matière picturale, puis s'inscrivent comme un fragment dans une surface dont la couleur correspond, en peinture, à un nuancier obtenu en plaçant l'œuvre sur Instagram. Dans ces allers-retours, il s'agit de ramener à la peinture ce qui, sinon, pourrait n'être qu'une image, compte tenu du régime de diffusion qui la définit aujourd'hui. On comprend à quel point cette pratique s'inscrit dans le monde actuel comme une forme de résistance discrète. Dans un monde où la transparence est de mise, où chacun est acteur sur les réseaux sociaux et où prévaut un rapport univoque aux choses, le choix de l'ombre ne peut que séduire. C'est le choix du trouble et de l'incertain, du refoulé et de l'insaisissable.